Résumé : Le tueur parfait n'a pas d'amis, il n'a que des cibles.
Pour Durzo Blint, l'assassinat est un art et il est l'artiste le plus accompli de la cité, grâce à des talents secrets hérités de la nuit des temps. Pour Azoth, survivre est une lutte de tous les instants. Le petit rat de la guilde a appris à juger les gens d'un seul coup d'œil et à prendre des risques -comme proposer à Durzo Blint de devenir son apprenti.Mais pour être accepté, il doit commencer pas abandonner son ancienne vie, changer d'identité, aborder un monde d'intrigues politiques, d'effroyable dangers et de magies étranges, et sacrifier ce qui lui est le plus précieux...
Mon avis : Commençons tout d'abord par remercier amicalement le site de partage littéraire livraddict ainsi que les Editions Milady pour ce partenariat.
Lorsqu'il s'agit de découvrir des nouveaux auteurs en Fantasy, je répond sans aucune hésitation présent. Pour l'avoir noté dans ma wish-list précédemment, j'avais déjà eu vent de cette histoire d'assassin sans pour autant en faire une priorité. Livraddict l'ayant proposé à sa sortie en petit format version Milady, je me suis dit qu'il serait idiot de passer à côté.
Les histoires d'assassins représentent souvent un moment de réflexion sur ce que peut être la valeur d'une vie. On peut aussi s'interroger sur la mince frontière entre le Bien et le Mal. Au delà de tout manichéisme, cette histoire nous plonge dans la noirceur de la nature humaine.
Brent Weeks, dans son premier roman, a choisi de créer un univers noir où la corruption, le meurtre, le viol font partis du quotidien de chacun. Peu d'événements heureux ont lieu.
La société de Cénaria vit dans la fracture sociale et l'inégalité. D'un côté, une poignée de riches, de Maîtres de maison qui ont réussi à tirer quelques ficelles du pouvoir pour obtenir le confort. De l'autre, il y a le peuple qui doit se débrouiller comme il peut face à toute cette misère, cette peur... C'est la loi de jungle, aucune place pour les faibles, la menace est permanente.
Pour couronner le tout, le royaume vit avec une épée de Damoclès prête à tomber à tout moment : l'envahissement et la prise de pouvoir par le Royaume voisin dirigé par un puissant et malfaisant.
Vous l'aurez compris, il est peu enviable de vivre dans ce monde...
Mes premiers pas dans cette histoire furent laborieux. A force d'accumuler les personnages, les points de vue que la narration adopte, on a tendance à se perdre dans ce flot d'informations. Beaucoup de passages inutiles viennent interférer dans la bonne compréhension de cette histoire. Parfois il semble que l'auteur s'attarde sur des éléments futiles alors qu'il en néglige des plus importants. Celui qui m'a frappé le plus est sans doute la manière dont il amène la magie dans son univers. Ce n'est pas clair, pas précis et on se demande, même en ayant terminé le livre, comment cela fonctionne... Quelques précisions sont apportés en fin de roman mais il m'a manqué beaucoup d'éclaircissements.
Pourtant, l'histoire a beaucoup de qualités. Au coeur des bas-fonds du royaume cénarien, on rencontre un jeune voleur, Azoth. Il fait partie d'une guilde dirigé par un être abject nommé "le Rat" mais sa vie va être bouleversée lorsqu'il va vouloir devenir un "pisse-culotte", un assassin professionnel possédant le Don. Il va alors suivre un parcours initiatique des plus terribles où il devra tout détruire pour reconstruire différemment. Il devra supporter la personnalité de son mentor qui n'est autre que la légende vivante des pisse-culotte, Durzo Blint. Son apprentissage est rendu très douloureux par tout ce qui lui arrive, on peut dire que Brent Weeks n'y est pas allé de mains-mortes avec son jeune héros...
Heureusement pour ma patience pourtant mise à rude épreuve, l'histoire devient plus concise au fil des pages et plus centrée sur des éléments importants importants. Passé le dernier tiers, on engrange les scènes d'actions et les rebondissements. Les émotions se succèdent, toutes différentes les unes des autres. La fin laisse présager une suite bien meilleur maintenant que les choses ont été posées...
Un bon roman de Fantasy implique très souvent un héros charismatique, spécial, hors du commun. J'ai pourtant eu quelques difficultés à trouver un quelconque intérêt au personnage d'Azoth alias Kylar le pisse-culotte. Je n'arrivais pas à cerner sa personnalité tellement la cohérence de ses actions laisse à désirer au début. Il est vrai qu'il est délicat d'être constamment sur la brèche entre le bien et le mal. Ceci dit, il aura fallu attendre la deuxième moitié pour qu'il se révèle bien qu'une partie de lui est un mystère. Pour le qualifier, on pourrait dire qu'il est valeureux, courageux parfois même insouciant. Il a en lui une grande sensibilité mais la carapace qu'il a forgé la masque devant ses proches.
Parfois, Kylar fait peur au lecteur dans le sombre où il se laisse aller à ses pulsions les plus sombres.
Un personnage énigmatique dont j'espère découvrir encore plus au fil des tomes.
Comme je l'ai évoqué plus haut, l'auteur adopte des points de vue multiples sur divers personnages même ceux à l'importance négligeable. Il y a ainsi un pléthore de personnages secondaires de telle sorte qu'il est facile pour le lecteur de s'emmêler les pinceaux... Une fois les repères mis en place et les liens entre eux mémorisés, la lecture s'en trouve plus agréable.
A l'image du héros, il est difficile de savoir si les autres acteurs de l'histoires oeuvrent pour le Bien ou le Mal. C'est relativement déstabilisant mais cela permet de coller à l'univers.
Le meilleur exemple reste incontestablement Durzo Blint, le plus grand pisse-culotte de tous les temps. Son caractère impulsif, souvent violent n'aident pas à sa bonne image. On reste parfois dubitatif face à ses motivations. Sans dire que je l'ai apprécié, je ne peux que concéder qu'il apporte un intérêt et de la complexité à l'histoire.
Certains personnages secondaires auraient mérité un développement plus poussé. En effet, on a tendance à trop effleurer le nécessaire pour s'attarder sur certains plus futiles. On rencontre ainsi Madame K., la "maîtresse des plaisirs", patronne de la prostitution, Jarl et Poupée, des amis d'enfance d'Azoth ou encore Logan Gyre, le prince au destin tumultueux. Cependant, arrivé à la fin de ce premier tome, on reste sur notre faim, on aurait aimé les cerner plus.
Espérons que ce désagrément soit réparé par la suite.
Le style de Brent Weeks est loin de faire parti des meilleurs dans le genre. C'est assez rude, nerveux et cela manque de finesse. On manque de descriptions surtout au niveau des personnages et de la magie. Ceci dit, on sent la maîtrise s'installer au fil des pages. On pourra aussi concéder à cet auteur en devenir un talent notoire pour donner du rythme et de l'entrain à son histoire. Pour un coup d'essai, force est de constater qu'il dispose d'un talent certains et qu'il faudra compter sur lui à l'avenir...
Sentiment mitigé à la fin de cette lecture qui m'a trop souvent laissé perplexe. Néanmoins, les personnages ont fini par susciter mon intérêt, l'intrigue a trouvé ses marques pour mettre l'eau à la bouche du lecteur pour la suite. Tout ce qui est nécessaire pour motiver à lire la suite. Ce sera donc avec plaisir que j'attendrai Kylar au tournant dans le deuxième volet de l'Ange de la Nuit. Ce livre divisera sans aucun doute les aficionados de la Fantasy mais je le recommanderai tout de même. Je donne donc un 14/20 à ce premier volet.