Dans le cadre du lancement du premier numéro du livraddictmag, un appel aux livraddictiens avait été lancé. En effet, il s'agissait d'un concours de nouvelles où la meilleure (jugée par la team) devait être publiée dans le premier numéro. Malheureusement, nous n'étions que trois participants si bien que la Team a décidé de publier les trois nouvelles, merci à eux. Voici donc ma première nouvelle : Ainsi revit le livre.
N'hésitez à me donner vos réactions, même si elles sont négatives, au contraire, je ne demande qu'à apprendre de mes erreurs.
"«Joane, Joane, il faut te réveiller mon enfant.»
Il y a certaines nuits comme cela où ton esprit se situe entre les mondes du rêve et de la réalité. Cependant, un appel pendant mon sommeil relevait de l'inédit. J'entamais la suite de ma pseudo réflexion lorsque la voix récidiva :
« Joane, tu dois me suivre ».
C'était une voix de femme remplie d'amour et de chaleur. J'avais l'étrange sensation de l'avoir entendu quelque part. Ce que je ne comprenais pas, c'était que la situation aurait dû me paniquer alors que, non, je n'arrivais pas à avoir peur..Je me décidais donc à répondre bien que le caractère ubuesque de la la situation ne m'aidait pas à trouver mes mots. D'une voix tranchante, je clama :
« Qui êtes-vous et que me voulez-vous ?»
Toujours de cette même voix maternelle et protectrice, la présence me répondit :
« Pour savoir qui je suis, il te suffit simplement d'allumer ta lampe. Ensuite nous partirons toi et moi pour une petite balade qui nous conduira au Conseil. »
Je commençais à croire que je délirais. Me prenait-elle pour une imbécile? « Allumer ma lampe », comme si je n'y avais pas pensé... En réalité... Je n'y avais pas pensé...
Je tendis alors aveuglement ma main en direction de ma lampe de chevet et actionna l'interrupteur.
Ce n'était donc pas un rêve, il y avait bien quelqu'un dans ma chambre. La sensation que cette vois m'était familière se confirma alors. La jeune femme avait environ une vingtaine d'années, de magnifiques cheveux noir de jais descendant jusqu'en haut de ses cuisses. Elle avait le teint de ces magnifiques femmes indiennes que l'on voit dans les films. Elle portait une légère robe en cuir tanné qui découvrait son épaule gauche. Mon regard se posa alors sur son collier : un léger ruban de soie auquel était accroché une pierre blanche sans valeur apparente. L'évidence me fût alors limpide : c'était Pocahontas.
Rationnelle au possible, je commençais à me rendre compte que je souffrais de quelques troubles psychiques. Selon mes parents, il pourrait s'agir d'une réaction dû à mon adolescence approchante...Cela semblait si réel : ma chambre était dans le même état que la veille et Pocahontas paraissait si vraie! Non! Je n'étais pas folle.
Continuant de dévisager de mon regard ahuri la jeune femme, je me rendis compte que quelque chose n'allait pas chez elle, du moins dans son apparence. Ce n'était pas exactement la même « personne » que dans le Dessin Animé. Une incontestable tristesse l'affligeait, son regard était celui d'un appel au secours malgré toute la détermination qu'il en dégageait. Mon état semi-comateux n'arrivait à distinguer le rêve de la réalité.
De sa voix doucereuse, elle reprit au bout de quelques minutes ou bien quelques heures je ne savais plus : « Maintenant que tu m'as reconnue il est temps pour moi de t'emmener au Conseil ».
Je ne pris même pas la peine de répondre tant il me semblait être une évidence que je devais la suivre. Sans dire mot, elle se retourna et se dirigea vers la porte de ma chambre. Je poussa délicatement ma couverture sur la droite et sortis de mon lit. A pas de velours, j'avançai en direction de la belle indienne qui ouvris la porte.
Derrière ma porte de chambre, il n'y avait plus mon couloir, la porte de la chambre de mes parents... J'étais plongée dans un décor sorti tout droit de mes Dessins Animés d'enfance : une immense allée en pleine forêt où seule la nature exerçait pleinement ses droits. Les oiseaux gazouillaient, les cerisiers étaient en fleur. Pleins d'agréables odeurs et bruits arrivaient jusqu'à moi. Cependant, je reçu des sortes de flashs où je distinguais des carcasses d'animaux morts, des arbres calcinés, un silence pesant... Mon regard se dirigea alors sur Pocahontas qui, elle aussi, semblait perdre ses couleurs ou alors disparaître. Ces deux mondes surréalistes semblaient coexister, l'un parasitait l'autre.
Pocahontas s'exprimât alors : « Joane, presse le pas s'il te plait, le Conseil nous attend au bout de ce chemin.
Je n'osa guère répondre tant mes interrogations étaient nombreuses et la jeune indienne intimidante. Son inquiétude était accablante et ses doutes nombreux.
A deux-cent mètres environ de la fin du sentier, deux silhouettes se distinguèrent au loin. Il s'agissait d'un jeune homme d'une quinzaine d'année au vu de sa carrure et une femme portant des haillons. Je n'avais, à ce moment, aucune certitude mais des idées émergeaient doucement quant à leur identité.
Quelques minutes plus tard, nous arrivions dans une minuscule clairière où quatre souches d'arbre entouraient un feu. La symétrie quasi parfaite de l'endroit me donnait une fois de plus cette sensation surréaliste. Sur deux des souches étaient assises les deux personnes que j'avais aperçues et mes soupçons furent confirmés : il s'agissait de Peter Pan et Cendrillon. Le premier était vêtu de ses habits verts mais il était couvert de cicatrices. Quant à la seconde, ses joues creusées et son corps squelettique lui donnaient un aspect maladif. Pocahontas m'invita alors à m'assoir sur l'une des souches puis s'installa sur la quatrième.
Peter prit alors la parole : « Comme tu peux le remarquer, notre univers est en crise. Vous, les enfants, voulez grandir trop vite. Aussi, votre âme se corrompt par l'esprit adulte ». De sa voix larmoyante, Cendrillon ajouta : « Il... il ne faut pas nous oublier, l'enfance est une étape trop importante pour que vous la sacrifiez. Écoutez vos parents, vos professeurs mais ne les laissez pas vous faire devenir de jeunes adultes avant le moment propice. Vous avez toute votre vie pour cela. » et Peter de reprendre : « En continuant comme cela, vous arriverez le jour de votre mort avec pour sentiment la culpabilité d'avoir oublier que vous aviez été un jour un enfant et que...».
«Peter, s'il te plait, arrête. Je vais expliquer à Joane ce que nous attendons d'elle» le coupa alors Pocahontas puis reprit de son ton chaleureux : « Écoute Joane, nous t'avons choisi parmi des milliers de jeunes filles pour que tu donnes la possibilité à ton monde de ne pas oublier le merveilleux univers de l'enfance. A ton réveil, tu croiras que toute cette aventure n'aura été qu'un rêve mais nous te supplions de te rappeler nos paroles et ensuite d'agir, tu auras de nombreuses années pour cela. » Toujours impassible, je la regardais, j'étais perdue, je ne savais pas trop ce que l'on attendait de moi...
Après quelques instants, Pocahontas baissa la tête puis me dit : « Maintenant, réveille-toi! ».
Sursautant, le souffle court, je ressortis de mon cauchemar. Tous ces enfantillages n'avaient été qu'un rêve... Je remarqua soudainement que je portais à mon cou le collier de Pocahontas, à mon pied la pantoufle de verre de Cendrillon et une petite épée en bois de Peter à la main...
« Impossible! » criais-je.
Après quelques étourdissements, une idée, non, plutôt une pensée, un nom me vint à l'esprit : «Potter... Harry Potter ».