mardi 25 octobre 2011

Mémoria de Laurent Généfort


Résumé : Il travaille pour le compte des grandes Compagnies qui se partagent l'univers. Il erre de planète en planète au gré de ses contrats. Il est le tueur à gages le plus redouté des mondes humains. Le plus cher, aussi. Nul ne sait qui il est véritablement. Pas même lui. Tel est le prix de son immortalité. Immortalité qu'il doit à un artefact extraterrestre unique et qui ne le quitte jamais. Tout comme les " crises de souvenirs " qui le terrassent de plus en plus souvent. Au point d'en menacer ses missions. Des souvenirs dont il ne sait même pas s'ils sont les siens. Des crises qui masquent une terreur secrète, tapie au fond de lui sous la forme d'un cauchemar qui, inexorablement, se rapproche et menace de l'engloutir. Le compte à rebours est engagé...
Mon avis : Tout d'abord, commençons par remercier chaleureusement le site livraddict et les éditions Folio SF pour ce partenariat concernant un titre que je ne connaissais pas et un auteur dont le nom m'était familier sans forcément en savoir beaucoup. En voyant le résumé, je fus intrigué de découvrir cet auteur.
Depuis quelques mois, j'ai malencontreusement perdu l'habitude de lire régulièrement de la Science-Fiction. Seuls quelques titres, dont beaucoup de déceptions, sont à mon actif cette année. Pourtant, la SF est un genre que j'adore et qui a tendance à m'ouvrir beaucoup de perspectives et de pistes de réflexions. C'est un genre très vaste mais où je trouve mon compte dans chaque branche que ce soit de l'uchronie ou du space opéra par exemple.
Dans les livres, il est un exercice que beaucoup affectionnent : développer son imagination. Les auteurs nous aident en général grâce à leurs descriptions qu'elles concernent des lieux ou bien des personnages. Or, dans ce livre, le lecteur est mis à rude épreuve puisqu'il doit imaginer un héros dépourvu de nom et qui n'a pas d'enveloppe charnelle fixe. Difficile alors d'associer un physique à une personnalité... Le héros est en effet un être qui, grâce à une machine unique en son genre, a la capacité de transférer sa conscience dans un autre corps. L'auteur, néanmoins, prend soin de nous décrire chaque "hôte" du héros.On ne sait comment, il est devenu un assassin très côté dans l'univers tout entier. Malheureusement pour lui, il ne se souvient guère de sa vie initiale. Il a même quelques doutes sur sa nature humaine. Au fil des pages, on se rend compte qu'il est tourmenté par ce qu'il nomme "le cauchemar noir". Nous ne pouvons définir en quoi cela consiste mais il semblerait que ce soit quelque chose dans son cerveau qui le pousse à se souvenir des pires souvenirs de ses anciens hôtes. Ce mystère rajoute de l'intérêt à l'histoire et cela aide à s'intéresser davantage au passé nébuleux du héros. Celui-ci se révèle passionnant malgré son absence d'identité propre. Un héros qui se différencie des autres et qui ne m'a pas du tout laissé indifférent.


Pour ce qui est de l'histoire, je suis un peu plus mitigé dans le sens où on aurait dit que c'est simplement un rassemblement de trois nouvelles (correspondant aux trois parties respectives) reliées par une légère passerelle. A part le fait que ce sont trois missions, il n'y a pas de dénominateur commun : la quête d'identité du héros n'est pas le fond de l'histoire sachant qu'elle s'impose à lui.
Néanmoins, chaque mission est prenante, bien ficelée et le rythme imposé au lecteur est très intense. Le final, sans être très surprenant, apporte une fin de qualité et assez logique à cette épopée intergalactique.

Je n'ai pas grand chose à dire sur le style de Laurent Généfort à part qu'il est efficace dans son genre. Très accessible, il crée son univers et son histoire de manière aisée pour que chaque détail soit cohérent avec le passé du héros et l'histoire de leur univers. Ses descriptions apportent une crédibilité à l'environnement et grâce à peu de mots, on est immergé dans l'atmosphère de ces planètes exotiques.

Encore une fois, je remercie livraddict et Folio SF pour cette très bonne découverte. Je conseille à tous les amateurs du genre de s'orienter vers ce livre ou bien un autre de cet auteur. Une histoire comme je les aime à laquelle il manque une vraie trame sur l'ensemble du roman. Cependant, je l'ai lu très rapidement et j'ai ressenti une vraie addiction. Je donne un 16/20 à ce bon roman.

mercredi 19 octobre 2011

L'Ombre du Vent de Carlos Ruiz Zafon

Résumé : Dans la Barcelone de l'après-guerre civile, " ville des prodiges " marquée par la défaite, la vie difficile, les haines qui rôdent toujours. Par un matin brumeux de 1945, un homme emmène son petit garçon - Daniel Sempere, le narrateur - dans un lieu mystérieux du quartier gothique : le Cimetière des Livres Oubliés. L'enfant, qui rêve toujours de sa mère morte, est ainsi convié par son père, modeste boutiquier de livres d'occasion, à un étrange rituel qui se transmet de génération en génération : il doit y " adopter " un volume parmi des centaines de milliers. Là, il rencontre le livre qui va changer le cours de sa vie, le marquer à jamais et l'entraîner dans un labyrinthe d'aventures et de secrets " enterrés dans l'âme de la ville " : L'Ombre du vent.

Mon Avis : Les livres classés contemporain ancrés dans le réel ne sont habituellement pas ma tasse de thé. Ce que je recherche dans la lecture c'est un moyen d'évasion, d'échapper à ce monde parfois morne, parfois inquiétant, parfois lourd... Cependant, de temps en temps, j'aime me plonger dans un titre du genre pour varier d'une part et d'autre part, pour pouvoir discuter sur ces romans à la mode dont beaucoup parlent. Étonnement, je suis souvent conquis et pour le coup, je range ce livre dans la catégorie coup de coeur!

Pendant le premier tiers de l'histoire, j'avais quelques difficultés à savoir où l'auteur m'emmenait. On suit en effet un jeune garçon, Daniel Sempere, fils de libraire passionné de livres. Son père l'emmène un jour dans un mystérieux endroit de Barcelone, le cimetière des livres oubliés, dans lequel on garde les livres disparus des étalages dont personnes n'a aucun souvenir. Il y choisit un livre nommé l'Ombre du Vent écrit par un inconnu, Julian Carax. Passionné par sa lecture, il va remonter les évènements qui ont fait la vie de l'auteur mais il ne se rend pas compte que cette quête est comme toutes les autres, elle recèle pleins de dangers.
Au fur et à mesure que les années passent, l'histoire se densifie, le mystère s'amplifie. On suit avec un plaisir énorme l'enquête que mène le jeune Daniel. Malgré les longues discussions, la lenteur de l'intrigue, on est jamais gagné par l'ennui. On en devient aussi passionné que Daniel, on souhaite savoir autant que lui ce qu'est advenu de Julian.

Un facteur non négligeable qui nous permet d'apprécier l'ensemble de l'oeuvre est sans nul doute l'ambiance créée par l'auteur. Plonger dans l'une de mes villes préférées, Barcelone, fut une expérience extraordinaire. On parcourt les rues et autres ruelles en compagnie de Daniel et même si je n'ai pas reconnu grand chose, j'ai adoré visiter cette ville à l'époque de l'après-guerre. Cette différence de lieu et de temps a été pour synonyme d'originalité puisque je n'y suis pas coutumier.

La plupart des protagonistes sont excellemment créés. Chacun apporte une pierre à la muraille que représente le livre. Comme je le disais, nous vivons de très longs échanges entre Daniel et eux. Ils sont rendus passionnant par les personnalités respectives de chacun. Ils semblent tous réels, comme si nous les connaissions.
Le héros n'est pas le plus remarquable de tous mais nous observons avec lui son évolution, son accès à la maturité, sa transition entre le monde de l'enfance et celui de l'adulte. Il n'est peut-être pas très marquant mais il est néanmoins intéressant.
Parmi tous ceux qui ont croisés mon chemin, j'en retiendrais deux : Fermin et Béatriz. Le premier est initialement un sans abri avec lequel Daniel sympathise et qui va se révéler être extravaguant et attachant. En effet, pourvu d'une culture faramineuse, il se révèle être extravagant et il dispose d'un incroyable sens de la rhétorique. Ses sorties sont souvent exquises et ses délires philosophiques apportent beaucoup. La deuxième est la soeur de son meilleur ami qui l'intrigue et le terrifie depuis son enfance. Une relation particulière va se tisser entre eux. Elle est très charismatique et mystérieuse. Une femme pas comme les autres...

L'une des qualités que comporte ce roman est sans conteste l'écriture d'une rare poésie de Zafon. Même si je n'y ai pas remarqué d'identité propre, j'ai adoré la facilité avec laquelle il joue avec les mots. On ne peut pas dire que le style soit aisé mais il reste accessible au plus grand nombre. J'espère très vite retrouver la plume de l'auteur.

Coup de coeur de ce mois, j'ai littéralement adoré ce roman qui m'a transporté et m'a fasciné. Loin des histoires barbantes du genre, l'Ombre du Vent possède tous les ingrédients de ce qui fait un grand roman. J'ai ainsi très envie de découvrir ses autres romans même si je sais que le jeu de l'ange est souvent source de déceptions. Je donne un 18/20 à cette magnifique oeuvre!

mercredi 12 octobre 2011

Pars Vite et Reviens Tard de Fred Vargas


Résumé : Ce sont des signes étranges, tracés à la peinture noire sur des portes d'appartements, dans des immeubles situés d'un bout à l'autre de Paris. Une sorte de grand 4 inversé, muni de deux barres sur la branche basse. En dessous, trois lettres : CTL. A première vue, on pourrait croire à l'œuvre d'un tagueur. Le commissaire Adamsberg, lui, y décèle une menace sourde, un relent maléfique. De son côté, Joss Le Guern, le Crieur de la place Edgar-Quinet, se demande qui glisse dans sa boîte à messages d'incompréhensibles annonces accompagnées d'un paiement bien au-dessus du tarif. Un plaisantin ou un cinglé ? Certains textes sont en latin, d'autres semblent copiés dans des ouvrages vieux de plusieurs siècles. Mais tous prédisent le retour d'un fléau venu du fond des âges...

Mon avis : Depuis quelques mois, vous aurez sans doute remarqué que je me mets à lire de plus en plus de polar. Ce genre, jadis évité, me réussit aujourd'hui notamment grâce à un élan apporté par la saga millénium. Qui dit polar français dit depuis quelques années Fred Vargas qui a su conquérir son public et concurrencer les plus grands du genre. Il me fallait donc découvrir cette auteure et j'ai ainsi choisi son oeuvre la plus primée et connue... Verdict : j'ai adoré!

L'enquête tranche déjà avec le polars classiques : ici, pas de meurtres avant le deuxième tiers, seulement des étranges messages et des peintures sur les portes de tout Paris... On met du temps avant de savoir à quoi s'en tenir mais cela rajoute du suspens et de l'intérêt à l'enquête.
J'ai particulièrement adoré l'ambiance de ce roman partagé entre un côté vieillot dans le bon sens du terme et un autre plus moderne. Difficile de dater l'époque dans laquelle on se trouve mais cela rajoute de l'originalité à ce genre tant exploité.
Tout bon polar selon moi doit réserver des surprises et une fin rocambolesque! C'est en effet ce qu'il s'est passé puisque je n'ai pas réussi à anticiper les faits et surtout, je n'ai pas trouvé qui était le coupable avant la fin... Une réussite qui fait que ce livre a marqué des points.

Côté personnages, je les ai trouvés bien travaillés, chacun à sa place. L'inspecteur Adamsberg est très intéressant à suivre. Il est simple, un peu monsieur tout le monde mais ses raisonnements nous rapprochent de lui. Peut-être manque-t-il un peu d'identité, de particularités qui feraient en sorte qu'il se différencie de tout autre enquêteur mais il se laisse apprécié par son naturel.

L'écriture est sans aucun doute l'un des gros points forts de ce livre. Elle est spéciale, une identité propre se dégage d'elle et c'est un paramètre que j'aime retrouver dans mes lectures. Rarement le genre se détache d'une écriture noire, froide, ciselée mais Fred Vargas l'a fait avec brio. Je ne saurais mettre des qualificatifs ou encore dire ce qu'elle ajouté de particulier mais ce que je sais, c'est que j'ai été séduit et que c'est une qualité qui me fera continuer dans ses oeuvres.

Livre qui m'a tenu en haleine du début à la fin dans une ambiance spéciale, j'ai adoré mon premier Vargas. Ravi de retrouver dans une nouvelle enquête l'inspecteur Adamsberg, je ne mettrai que peu de temps avant d'ouvrir un autre de ses romans. Je conseille donc à tous les aficionados du genre de se diriger vers cette auteure au fort potentiel. Je donne donc un 17/20 à ce livre!

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